Il ne s’agit pas d’être le premier à voir du nouveau, mais de voir, comme si elles étaient nouvelles, les choses anciennes et familières. (Friedrich W. Nietzsche)
Dès ses premières expositions, Pep Duran Esteva (Vilanova i la Geltrú, 1955) a considéré le collage comme un outil d’interprétation du monde. Il est d’ailleurs l’un des artistes ayant le plus appliqué son principe : construire à partir de fragments. Duran Esteva conçoit le collage comme une partition scénique. Ses matériaux les plus récurrents sont des restes de photographies, papiers, cartons, bois et couvertures, ainsi que ses empilements caractéristiques d’objets des années 1990. Ses œuvres possèdent une théâtralité voulue, singulière, où les images créées sont comme un grand kaléidoscope ou un palimpseste, qu’il structure en fonction de l’espace.
Cette exposition rassemble l’ensemble des œuvres réalisées, au fil des années, avec de vieux décors en papier, utilisés recto et verso, et constitue en même temps une traversée plus ou moins chronologique de son imaginaire : pièces ou notes relationnelles créant des analogies et unissant des chemins. Il les a utilisés, modifiés, pliés, refaits, toujours fasciné et déterminé à faire revivre les images trouvées et récupérées afin de figer des moments et de dérouler des récits.
Les œuvres que l’on peut voir ici, toutes inédites, constituent une chronique, une frise, un journal que l’artiste a façonné sans discontinuer... Des images et des paysages vus à travers des loupes, des judas, des trous, des séquences muettes où les personnages et leurs ombres passent comme des présences échappées de vieux films.
De plus, le projet PAPIERS D’OMBRE non seulement montre tout le répertoire des photocollages, mais conçoit également le musée comme une scène où le public découvre de petites interventions et des empilements tout au long du parcours, comme s’il s’agissait de scénettes, de dialogues ou de monologues ouverts.
Exposition commissariée par Pep Duran Esteva.